Le discours de La présidente Mme Manal IKIR

Je voudrais tout d’abord remercier tout le monde d’avoir bien voulu honorer de votre présence la tenue de cet évènement organisé par l’association pour le développement social, dans le but que je vais essayer de clarifier en quelques mots, en guise d’introduction.

 La particularité de notre rencontre est qu’elle regroupe des linguères, combattantes, militantes assidues, actrices de développement, combattantes de la liberté, panafricanistes. 

Je conjugue et qualifie les adjectifs au féminin en sachant que nos compatriotes masculins qui sont là sont des hommes d’esprit vifs et pointus, qui savent reconnaitre les choses pour ce qu’elles sont. Nous sommes là pour parler des femmes, des femmes, encore des femmes.

Mais de quelles femmes ?  Nous portons beaucoup de casquettes. Mère, Epouse,  opératrice économique, et j’en passe.  Ce n’est pas pour nous plaindre, mais juste dire en passant que nous sommes toutes plus qu’une simple femme. Regardez autour de vous, et vous verrez, chacun et chacune, comme voisine, une femme de conviction, d’engagement, de lutte, une femme qui en sus des casquettes que je viens de vous énumérer, ne reste  ni impuissante, ni passive, ni indifférente  face aux questions qui traversent notre société, surtout celles qui  causent de l’injustice, de l’iniquité, de l’exclusion, de la pauvreté, de  la misère, de l’ignorance, des violations de la dignité économique, sociale, morale, j’en passe. Certes, notre société, à certains égards nous prédispose à une certaine passivité dans la défense de ces causes.  Pour beaucoup, les femmes ne doivent pas s’impliquer dans des luttes, par crainte de s’exposer, à cause de leur nature faible ou parce qu’elles ne doivent pas affronter les dangers. Je ne vais pas perdre du temps à développer sur ce point, puisque évidemment nous avons toutes dépassé cette vision. Je mentionne juste ce point, pour remettre en contexte la perception que la société a de l’engagement des femmes dans la lutte citoyenne, revendicative, surtout lorsqu’elle se manifeste dans les rues, sous les lacrymogènes, dans les  mouvements de foules, et quelques fois dans les grilles de la police et même jusqu’en prison.

Mais cela ne nous décourage pas, ni ne fait assez peur pour laisser tomber. De surcroît, notre détermination et notre conviction, ne se mesurent pas à la force de nos biceps, ni à la taille de nos musor.  Pour le comprendre, il faut être ce que nous sommes, des femmes de combat. Chacune d’entre nous peut chercher comment elle en est venue à s’engager dans la voie de la lutte publique. Il y a certainement autant de trajectoires que d’individualités. Cela peut être utile de savoir pourquoi nous faisons ce que nous faisons. Mais pour ma part, et sans clore la question, en dernier lieu, il s’agit de faire bien et mieux, c’est cela la vie noble.

Nous faisons ce que nous faisons parce que nous pensons que défendre le  bien est bien. Lutter contre l’injustice est bien. Lutter contre l’iniquité, l’injustice, la pauvreté, l’indigence sont des devoirs qui appartiennent au registre du bien. A contrario subir, passivement, et rester indifférent, est un mal de société, même si pour certains c’est aussi leur droit légitime.

Pour nous, il s’agit d’assumer ce que nous sommes et de travailler à faire mieux dans le futur. Ce travail, pour être efficace et durable a cependant besoin d’organisation et moyens.

Mais qui pour mener ce chantier que celles qui connaissent  et vivent leur engagement comme un sacerdoce, une condition quasi existentielle qui contribue au sens de notre vie ? Il nous appartient, nous qui nous reconnaissons dans un devoir d’engagement entier, assumé et décomplexé des femmes dans la sphère publique, d’interroger notre condition, d’éclairer nos chemins et renouveler notre énergie féminine.  Oui, nous sommes pleines de cette énergie qui n’anime que les grandes œuvres, comme la naissance d’un enfant. Ce n’est pas un hasard que nous sommes les matrices de l’énergie humaine. Cette énergie brute a aussi besoin d’intelligence, de ressources et moyens pour vivre, se développer, croitre, naitre et se développer comme un enfant qui sort de nos entrailles et vient au monde pour se réaliser.

Notre cause, nos causes, les causes que nous portons au nom de toutes les populations, ont besoin aussi de cette même dynamique, une  conjonction nécessaire de moyens et énergies vitales.

C’est pourquoi, dans le souci d’une action durable et efficace, nous devons réfléchir aux voies possibles pour soutenir ces causes. L’énergie que nous avons en nous, de nous battre, ne suffit pas. Elle doit être entretenue, renforcée, renouvelée pour rester positive, efficace.

La question des moyens, de la stratégie et des ressources, que nous abordons  seules ou dans le cadre strict de nos organisations, mérite de ce point de vue, une nouvelle approche.  Une approche collective,  une synergie plus grande entre nous et une mobilisation régulière.

Nous mobiliser, ce n’est pas seulement dans le cadre de manifestations, mais c’est aussi nous organiser, mieux nous organiser en un réseau de femmes qui ont des sensibilités, difficultés et ambitions similaires. Nous organiser pour solliciter ensemble des partenaires, qui autrement ne verraient que des organisations sans relief de femmes ni leadership féminin.

Nous organiser pour porter une plateforme de soutien, de formation, d’appui et de financement. Car, faut-il le rappeler, dans et en dehors de la lutte, nous devons  mener et triompher des luttes quotidiennes pour assurer les nécessités familiales mais aussi réussir nos entreprises économiques, sans oublier les obligations, solidarités et actions sociales envers les autres.

Nous organiser pour nous rencontrer régulièrement pour faire le point et avancer plus loin.  Nous organiser pour rendre possible nos ambitions de continuer à œuvrer pour la lutte, sans en mourir de chagrin, de pauvreté ou parce que nous sommes finalement seules, inefficaces.

Ce n’est pas aux autres de venir nous prendre par la main pour nous dire quel est le chemin. Nous devons assumer, nous prendre les mains, les unes les autres et former un cercle de solidarité, d’union, de cœur, d’esprit, de moyens et d’énergie tournée vers l’action  publique.  C’est cela l’objet de notre rencontre d’aujourd’hui.  Capitaliser sur nos expériences individuelles et organisationnelles, Nouer entre femmes leaders une volonté de  cheminer ensemble, et  convenir ensemble de  voies et stratégies pour mobiliser  les moyens de nos ambitions légitimes et nobles, pour lesquelles nous voulons être connues et même reconnues. Nous ne sommes pas des accompagnatrices au combat, mais des combattantes.

Chacune des organisations présentes , prendra la parole pour partager son expérience, exprimer ses idées afin que nous trouvions ensemble la formule la meilleure pour nous réaliser pleinement par nos actions louables, avec les moyens nécessaires. Comme on le dit souvent, ce ne sont pas les moyens qui manquent mais bien les projets qui commandent la mobilisation des moyens. Allons y donc. Que cette rencontre, soit la première d’une série de futures rencontres dans cet esprit. Sortons les idées et projets qui mobiliseront les moyens.

Que nulle option ne soit laissée pour compte. Partenaires au développement, institutions de micro finances, mécènes, cotisations, dons,  lancement d’entreprises, partenariats, investissements, crowfunding, jumelages internationaux, actions avec le patronat, tout y est. 

Allons-y avec créativité pour faire sortir des solutions possibles et aussi surtout réalistes. Mais surtout, allons y sans peur de casser les codes ou prendre des chemins non fréquentés.  Nous ne sommes  ni des chefs d’industrie, ni des génies, ni des saintes sans besoins. Mais, nous avons une volonté de fer qui demande à être mieux forgée, canalisée et matérialisée.

Sommes-nous capables de proposer et être appuyés pour des projets et programme de capacitation des femmes dans le plaidoyer et la défense de causes citoyenne ? Sommes-nous capables de lancer des campagnes de levées de fonds pour défendre l’alphabétisation des femmes ? Sommes-nous capables de travailler avec des organisations de la société civile  sur des priorités communes ? Sommes-nous capables de développer des partenariats avec des GIE de femmes pour les aider à commercialiser leurs produits en ligne ? Sommes-nous capables de travailler avec les grandes entreprises et les convaincre de promouvoir des femmes dans leur réseau de distribution ? Sommes-nous capables de lancer des cartes de fidélités dans les chaines de distribution au bénéfice des femmes ?  Ou nous sommes capables de de tout cela et plus. Il nous reste à choisir nos priorités et préférences d’actions.

Merci pour votre attention

Bonne suite de programme à  toutes et à tous

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